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Remplir le vide !

Le vide…c’est la première fois je crois que je le ressens consciemment. J’imagine que cette fois-ci, il s’agit du vide laissé par la séparation. Cette partie de moi qui était et qui n’est plus. C’est à la fois une épreuve extrêmement désagréable et une expérience intrigante.

Comme d’habitude, le spirale infernale s’est mise en place et la déprime a fait son apparition. Je n’ai plus envie de rien. J’ai juste envie de m’enfuir, loin de tout. Je n’ai plus confiance en moi, je me sens laid et vieux. Je me sens seul et j’ai le sentiment que personne ne m’aime, que personne ne m’aimera plus jamais.

C’est fou !

Mais rien n’a réellement changé dans ma vie. Le soleil se lève et se couche toujours. Mon rythme est le même, je prépare noël comme chaque année. Pourtant…je ressens tout différemment, parce que c’est fini ! Mon mariage, mon couple, ma famille telle que je la voulais. C’est terminé. Et du coup, ça change tout. Toute ma vision du monde change, mon équilibre est rompu. Même les fêtes de noël me font horriblement peur. J’ai peur de ne pas avoir fait les bons cadeaux, peur de ne pas avoir acheté les bonnes choses. J’ai peur, j’ai peur, j’ai peur…cette peur s’est installée et je vie avec du mieux que je peux.

Au fond de moi, j’ai conscience que ce que je ressens est un peu synthétique et passager. La vie reste la vie et il y aura encore de bons moments, de belles histoires, de belles réussites. Je suis tout simplement incapable de le concevoir pour le moment. Un peu comme si quelqu’un ou quelque chose s’employait à verser quelques gouttes d’amertume dans chacun de mes plats, me privant ainsi toutes les saveurs subtiles et agréables de mes repas. Et tout ça prend naissance dans ce fameux vide que je ressens.

C’est difficile à décrire. Il s’accompagne de flashs, de souvenirs où j’ai vécu des situations similaires et au cours desquelles, je ne me souviens pas avoir ressenti autre chose que de la souffrance. La souffrance de se sentir rejeté. Finalement c’est la même chose, même 20 ans après. Seule différence, aujourd’hui je ressens clairement cette absence, ce vide. Comme quand on tombe et que l’on envoie ses mains pour se retenir à quelque chose qui malheureusement n’existe pas. La sensation précise de ma main qui cherche désespérément à s’agripper au moment où je perd l’équilibre et qui ne trouve rien. Je la ressens au fond de mon corps.

Ce vide, je peux même le visualiser, lui donner une forme, un volume et le situer quelque part entre mon cœur et mes tripes. J’ai envie de lui donner un nom : « Enso », comme le nom de ce symbole Japonais, qui évoque entre autre, le vide qui existe en chacun de nous.

Enso à toujours été là sans que j’en sois conscient. Je n’ai cessé de vouloir le remplir afin de me libérer de cette sensation de vide. J’ai toujours pensé qu’Enso représentait la place dans mon être, la pièce manquante de mon puzzle qui devait être complété par l’amour véritable, celui provenant de l’élue de mon cœur bien évidemment.

Les sensations de vide sont très puissantes et elles ont eu un impact immense sur mon comportement. Mes demandes d’affection devenaient excessives un peu comme celles d’un enfant capricieux. Le moindre déficit d’affection me touchait énormément, vécu comme un rejet. Il entraînait chez moi une réaction de repli, d’isolement et aussi de colère. A mon tour je rejetais! Une belle petite spirale infernale…

J’avais bien compris ce manège, mais j’en étais prisonnier. Je me voyais agir d’une manière qui me dégouttait, mais j’étais incapable de faire autrement. Plus j’essayais de bloquer mes pulsions et d’abandonner ces comportements plus la sensation de rejet grandissait et me poussait à demander encore plus, à devenir intransigeant. Je suis bien obligé de constater que pour une dulcinée, la place n’est pas évidente à tenir, remplir un tonneau percé n’est pas chose aisée!

J’étais à la fois la victime, le bourreau et le spectateur impuissant de ce jeu toxique.

Aujourd’hui, j’ai du temps et je me demande pourquoi j’ai besoin de te combler de la sorte mon cher Enso. Et je commence à me rendre compte que recevoir l’amour d’autrui n’est pas tout à fait ce dont j’ai besoin. C’est possiblement le seul moyen que j’ai trouvé, quand adolescent, j’ai dû me débrouiller pour te gérer « Enso ». Un moyen de palier mon manque d’amour de soi, ou disons plutôt « d’amour de moi »! Car je dois bien te l’avouer, même depuis tout ce temps, je n’ai pas une très bonne opinion de moi. Et malgré tous mes efforts j’ai beaucoup de mal à m’aimer. Je suis toujours trop ceci ou pas assez cela. Trop souvent coupable. Jamais digne d’être estimé et encore moins aimé. Et c’est pour cette raison que j’ai besoin de l’amour des autres, pour me convaincre que je peux me faire confiance. Si les autres m’aiment, alors je suis rassuré, je peux me voir comme quelqu’un de bien et m’octroyer un peu d’amour. Dans le cas contraire…

J’ai besoin d’un miroir pour me voir tel que je suis et ce miroir c’est la reconnaissance des autres, leur amour.

Mais voilà, cela ne me convient pas. Je n’aime pas l’idée d’avoir besoin de me sentir aimé! J’aime l’idée d’en avoir envie…nuance! Et avec toi dans cet état mon cher Enso, tout vide et tout assoiffé d’amour, ça ne marchera pas. Je dois trouver le moyen de te rassasier autrement qu’avec l’amour d’autrui. Peut-être qu’avec mon propre amour..?

J’en arrive à la conclusion que c’est certainement par mes propres moyens que je dois te remplir, Enso. S’aimer soi-même, serait-ce donc la clef ?

Se pardonner quand on se retrouve seul! Après tout, est-ce vraiment ma faute? S’apprécier et se reconnaître comme quelqu’un de bien, de compétent, de beau, qui est digne d’être aimé…autant de manières de te gaver mon petit Enso. Autant de chances de devenir entier par moi-même.

J’ai toute fois du mal à imaginer qu’un jour, je pourrais être entier pour de bon et qu’à partir de ce moment là, j’aurais atteint une sorte d’état de complétude et de sérénité ultime imperméable à la souffrance. Au contraire, je suis profondément convaincu que la souffrance fait partie intégrante de la vie humaine et que d’une certaine manière, exception faite des souffrances engendrées par les maladies, elle m’est indispensable pour me guider. Chercher à l’éradiquer ne me parait pas la bonne solution. Mieux vaut que je continue de l’écouter afin de pouvoir la gérer et la garder à distance.

Et puis, j’ai un peu peur, à force de rechercher une sorte d’autonomie affective, de finir par me couper du monde. Se pourrait-il, que je finisse seul à fuir les relations sociales si douloureuses ? Une fois de plus, la vérité me semble être dans la juste mesure des choses, ce compromis subtile entre la tête et le cœur, entre la raison et les émotions.

Mais comment faire ?

Dans certains écrits, on peut lire que l’enso est un cercle interrompu. Cela peut symboliser l’humilité qu’il faut garder face à la perfection qui demeure inatteignable et irréaliste (cercle parfait vs cercle imparfait). Cela peut également signifier que le vide n’a pas vocation à le rester et qu’il y a un équilibre qui se crée grâce à la communication entre l’intérieur et l’extérieur du cercle. Cette idée de flux alternés suggère également l’inconstance et le dynamisme de la vie, qui empêche toutes stagnations.

J’aime bien cette interprétation, cela m’inspire…

Je pourrais imaginer mon petit Enso comme faisant partie intégrante de moi, comme mon jardin secret. Avec bien sûr un portillon qui ne serait jamais fermé!

De cette manière il sera possible d’y venir et d’en repartir sans trop de difficultés.

Ne reste plus qu’à trouver comment le cultiver pour qu’il s’épanouisse et se remplisse.

Quand je souhaite que mes plantes poussent, il me suffit simplement de les mettre dans de bonnes conditions et elles font le reste. Pas la peine de leur apprendre comment pousser. De la bonne terre, de l’eau mais pas trop, pareil pour le soleil et suffisamment d’attention.

Pour mon petit Enso, ce doit être la même chose ! Du sens, des valeurs. La famille, de bons amis, suffisamment d’attention et une bonne dose d’insouciance, mais pas trop. Pareil pour le soleil…

Le moment viendra où des fleurs s’épanouiront dans ma vie et mon petit Enso se remplira de splendeurs et de fruits. Nul besoin d’une dulcinée pour venir remplir ce vide qui me fait souffrir.

Elle pourra venir, pour mon plus grand plaisir, passer quelques moments et nous pourrons profiter de la douceur de mon jardin secret.

Dans tous les cas elle pourra toujours s’en aller, le portillon ne sera jamais fermé.

Et même si je dois ressentir un vide et que cela me fait souffrir, ce ne sera que passager.

Ca va aller.

3 commentaires sur “Remplir le vide !

  1. Merci pour ce billet, c’est si rare sur WordPress de lire les états d’âme d’un homme. C’est joli « enso », je ne connaissais pas, merci aussi pour la découverte.

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    1. Je trouve moi aussi l’Enso très esthétique et très inspirant. C’est une forme géométrique toute simple, basique et pourtant on peut y rattacher tellement de sagesse !

      Et merci pour ce commentaire Shannyshou 😊, j’essaie de décrire ce que je ressens, le plus simplement, pour le rendre compréhensible. Je suis heureux que tu apprécies cela !

      Aimé par 1 personne

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