La reconnaissance… »cette chose qui guide en grande partie ma vie sans que j’en prenne réellement conscience », du moins jusqu’à maintenant. C’est même plus que ça, « cette chose qui guide en grande partie ma vie et que j’ai toujours eu l’impression de maîtriser ». Pourtant…
Quand j’étais petit on me disait de ne pas faire attention à ce que disent les autres. De poursuivre mes idéaux, de faire les choses pour moi et de garder confiance. J’avais le sentiment d’y être arrivé. En tout cas, je donnais l’impression d’y être parvenu.
Mais j’ai loupé quelque chose, car en réalité, il s’est passé exactement le contraire. Je me rends compte que la reconnaissance de mes semblables est un de mes principaux moteurs. C’est peut-être même le plus puissant.
Je me rends compte que j’ai du mal à réaliser des choses pour moi, je doute. Alors que j’ai facilement la motivation et l’énergie lorsque je le fais pour les autres. Un peu comme si je jouais quelque chose, ma réputation ou mon identité peut-être. Et ce sentiment me pousse à me dépasser. Je retire de ce « don de moi » cette fameuse reconnaissance. C’est une grande source de confiance en moi, de plénitude.
En lisant le paragraphe précédent, tu pourrais croire que je suis Mère Thérésa. Mais c’est un phénomène un peu moins noble, un peu plus subtile.
Je ne passe pas mon temps à ne faire que des choses pour les autres. Bien évidemment je fais des choses « pour moi », des choses que j’aime. Simplement ces choses, comme la cuisine, la musique, le bricolage, la couture, j’ai plus de motivation à les faire pour les autres. Tout cela, sans que l’on ne m’ait rien demandé je précise. Je n’ai pas de doute, je fais, tout est clair. Il m’arrive de ressentir une grande frustration lorsque « ces autres » restent indifférents à ce que je fais. Implicitement, je recherche leur reconnaissance, leur « approbation ». Lorsque je n’obtiens pas « l’approbation », je culpabilise alors de passer mon temps à faire des choses pour mon propre plaisir , quelque part « inutiles » aux yeux des autres ou pas dans la « norme ». Comme pour mes enfants en recherche de repères, qui partagent avec moi tous leurs exploits : « Est-ce que tu trouves ça beau Papa ? »
Je retrouve ça partout dans ma vie, à des niveaux différents. Dans ma vie personnelle et aussi dans ma vie professionnelle. Les conséquences sont différentes, mais au fond le mécanisme reste le même.
Maintenant que j’en prend conscience, je comprends cette frustration et cette souffrance que je ressens sans pouvoir l’expliquer. Je ne fais pas confiance à mes propres émotions, je cherche à capter celles que je peux susciter chez les autres.
J’ai donc besoin des autres pour exister. Ce n’est pas facile à admettre quand j’ai toujours recherché le contraire.
Bon, ce n’est peut-être pas si grave. Quelques recherches suffisent pour s’apercevoir que cette fameuse reconnaissance pose des problèmes à beaucoup de monde est donne lieu à pas mal d’articles. Je pourrais dire qu’avoir besoin de reconnaissance, ça fait de moi un humain…nous nous intéressons tous au nombre de « like » que reçoivent nos publications 🙂 .
Mais voilà, ça ne me convient pas. J’ai mal à mon identité…Comment ai-je pu en arriver là ?
Je sais pas si c’est à cause de ma Poulpitude, mais je ne supporte pas cette situation. Je me sens dépendant, voir prisonnier des autres. Je suis addict à la reconnaissance. Je ne souhaite pas pour autant devenir Hermite, ou bien moine à la recherche de l’amour inconditionnel…je veux simplement baisser mon niveau de dépendance.
Je ne suis pas bien, j’ai besoin de comprendre ce qui m’arrive, trouver du sens. Définir ce besoin de reconnaissance. Le comprendre et arriver à l’apprivoiser. Vivre en harmonie avec lui.
Il se trouve que j’ai tendance à être un peu extrême, ou disons 0-100%. J’aime très fort ou je déteste. J’ai beaucoup de mal à avoir des nuances dans mes jugements. C’est vrai pour le jugement que je me fais des autres. C’est également vrai pour mon propre jugement, la manière dont je me reconnais. Et plus je juge des proches et plus c’est compliqué.
Pour ce qui est du jugement des autres, j’ai fait de gros progrès ces dernières années. J’arrive à admettre que même les gens biens font des erreurs. Je leur accorde mon pardon et les accepte en temps qu’humain faillible. Plus les gens me sont étranger, plus c’est facile.
Ça se complique au fur et à mesure que les personnes sont de plus en plus proches de moi. Mais j’y arrive tout de même. Là où c’est le plus compliqué, c’est pour moi. Je suis effectivement la personne la plus proche de moi-même…
J’ai tendance à rechercher la perfection et à essayer d’être toujours au top. Dans le cas contraire, je me juge rapidement comme bon à rien. Je me juge d’ailleurs tellement mal, que je m’étonne parfois, dans les périodes sombres de ma vie, que des gens puissent m’apprécier. J’ai alors l’impression d’être un imposteur et de n’être apprécié ou aimé que pour des mensonges. Je ressens de la culpabilité…c’est une tendance bien-sur, mais aussi fou que cela puisse paraître, c’est comme ça…va comprendre.
Pour contrebalancer cette tendance, j’ai besoin de me rassurer continuellement. Je dois me prouver que je suis bien celui que je souhaite être, c’est-à-dire « être au top ». Mais j’ai beaucoup de mal à y parvenir, car je suis extrêmement dur avec moi-même. Je suis condamné à l’excellence dans tout ce que je fais ou entreprends, sous peine de me voir rétrogradé au rang des « bons à rien » par mon mental.
J’ai donc beaucoup de difficulté à m’octroyer la reconnaissance dont j’ai besoin. La seule possibilité qu’il me reste, c’est d’aller la chercher à l’extérieur. Je recherche donc chez les autres une sorte de reflet de ce que je suis. Comme si finalement, les autres étaient des miroirs qui me renvoyaient une image de moi, de préférence positive. Ça a du sens pour quelqu’un comme moi qui a facilement recours au FAUX-SELF.
Mais cette manière de faire n’est pas sans faille. Les effets positifs se dissipent rapidement, étouffés par mon mental qui s’étonne encore et encore que l’on puisse m’estimer malgré mes prouesses. Et puis d’abord, sont-ils vraiment sincères ?
Autre problème, dès que les miroirs se tournent et que je n’ai plus de reflet à contempler, ou simplement si je tombe sur un miroir qui ne sait renvoyer que du négatif, c’est la catastrophe. Il arrive aussi que les miroirs ne soient pas tournés, mais simplement que je le ressente comme tel. J’interprète, je classe de manière extrême.
JE donne finalement aux autres un grand pouvoir sur moi.
Mon insatisfaction m’a régulièrement poussée à m’éloigner. Soit pour trouver de nouveaux miroirs, soit pour essayer de faire sans. Mais vivre sans miroir est également dangereux et j’ai fini par souffrir de l’isolement. J’ai besoin de reconnaissance, inutile de le nier.
Il y a donc un équilibre a trouver, ce qui n’est pas ma spécialité tu l’auras compris…
J’ai besoin des miroirs et notamment du miens. Et c’est ce miroir là qui devrait majoritairement combler mon besoin de reconnaissance. Les autres miroirs ne devraient être que des repères, un complément nécessaire pour éviter de partir complètement en sucette.
J’ai donc décidé d’utiliser un peu plus mon propre miroir. Mais comment faire ?
D’abord, et c’est très important pour moi : « Arrêter de faire comme si je n’avais pas besoin de reconnaissance ». La reconnaissance m’est nécessaire, elle fait partie de la vie humaine. Je suis humain avant tout.
Pour trouver la reconnaissance personnelle, je commence par m’écouter. Trouver ce qui, en dehors de tout jugement, me procure de la reconnaissance personnelle. Etre moi-même, suivre mon instinct au risque que cela ne fonctionne pas comme prévu. Prendre mes responsabilités…
Chose très importante, je dois faire attention, guetter les signes de la reconnaissance. Apprendre à la reconnaître, ressentir les émotions qui révèlent sa présence. Célébrer les réussites, sans forcément faire à chaque fois une grosse fiesta (mon foie ne le supporte plus 🙂 ), mais simplement en prendre conscience, reconnaître ce que je sais faire de bien.
J’essaie également de baisser mon niveau d’exigence. Je ne porte pas le monde sur mes épaules. J’ai aussi droit à l’erreur et si je me trompe, cela ne veut pas dire pour autant que je suis une bouse immonde.
Je m’autorise à être mal, pas bien, triste. Ce n’est pas une faiblesse ou une imperfection. Par moment, j’ai besoin de prendre de la distance, le temps de m’apaiser, de me reposer. Mais cela n’a de sens que si c’est pour revenir ensuite. Autrement c’est une fuite et je vais de toute façon souffrir par la suite de cet éloignement, je l’ai appris. Mettre un genou à terre, ça peut arriver. Il vaut mieux ça que de partir pour toujours ou de passer sa vie couché car on a peur de tomber…
C’est un travail de tous les jours, une nouvelle manière d’appréhender la vie, une nouvelle philosophie. Au début c’est compliqué, maladroit. Puis j’apprends, j’échoue, je réussis. Et ça finit par devenir plus facile, évident, naturel. Un peu comme apprendre à marcher ou à se servir de son nouveau smartphone…
Cela ne m’empêche pas d’avoir des coups durs. Certaines situations, de manque de reconnaissance, me mettent toujours par terre. Mais maintenant, je sais quoi faire pour me relever et continuer mon chemin. En quelques jours, je suis de nouveau sur pied alors qu’il y a quelques années, la tempête aurait soufflé pendant des mois en ravageant au passage tout mon entourage…
J’ai l’impression d’avoir percé un des innombrables mystères de l’existence humaine. Espérons que ce soit réellement le cas…la vie me le dira…
Monsieur le Poulpe


On en a tius besoin, pour vivre bien
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