
Ceci est la lettre que j’aurais aimé t’écrire.
Les mots que j’aurais aimé te dire.
Aujourd’hui, il est trop tard pour que tu les lises. Mais qu’importe.
Certaines choses doivent être dites — non pas pour qu’elles soient entendues, mais pour que moi, je puisse enfin les prononcer.
Tu te souviens ? Tu m’avais dit que je n’avais pas de chance.
« Avec un autre, je serais partie aussi. »
Je t’en ai voulu pour ces mots.
Mais maintenant, je crois que je comprends ce que tu voulais dire.
Il fallait comprendre : « désolée, mais je ne peux pas te donner ce que tu désires. »
Cela ne voulait pas dire qu’il n’y avait rien entre nous.
Ni que tu n’avais pas apprécié les moments partagés.
Je crois, comme toi sûrement, que nous avons passé de très beaux instants ensemble.
Quand tu es partie, j’ai eu la sensation d’être trahi, trompé.
Comment pouvais-tu t’éloigner alors que je sentais cette attirance entre nous ?
J’avais l’impression que tu m’appréciais pour ce que j’étais — sans filtre, sans masque.
Que tu pouvais m’aimer, moi, avec mes défauts, mes qualités, mes peurs et mes contradictions.
Et quand tu es partie, j’ai douté de tout cela.
Je n’ai pas été capable de tenir la promesse que je t’avais faite :
celle de laisser le portail de mon jardin ouvert.
Ouvert pour que tu puisses entrer… mais aussi partir, si tu le désirais.
Je n’ai pas pu m’empêcher de le refermer, pour te retenir.
Je n’ai pas été à la hauteur. Et j’en ai eu honte.
J’ai réalisé que ce n’étaient que de belles paroles.
Que dans la réalité, je n’étais pas encore capable de les incarner.
Je suis désolé, sincèrement désolé.
J’espère que tu garderas de moi les bons souvenirs, et non nos dernières conversations.
Je me souviens aussi de ton regard. De ta souffrance.
Je crois que tu t’en voulais de m’annoncer la fin.
Tu semblais tiraillée, comme si quelque chose en toi te tourmentait.
Je ne comprenais pas. Je me disais :
« Pourquoi tant de souffrance, alors que nous avons tout pour être heureux ? »
Mais maintenant, je crois que je comprends.
Ce n’était pas une question d’envie.
C’était juste… impossible.
Et tu n’y étais pour rien.
Tu as fait ce que tu as pu, avec honnêteté. Et je t’en remercie.
Tu avais raison.
Nous avons fait ce que nous pouvions, mais nous n’avons pas eu de chance.
C’était juste impossible.
Pourquoi ? Peu importe. Il y avait certainement de bonnes raisons.
Est-ce que cela aurait pu être autrement ?
Non.
Et le simple fait que je puisse le dire aujourd’hui, c’est un vrai changement pour moi.
Je n’y pouvais rien.
Et toi non plus.
Nous avons tous les deux joué notre partition du mieux que nous pouvions.
Nous avons, un temps, été à l’unisson. Et c’était déjà beaucoup.
Quelque part, tu es toujours là.
Tu me manques.
Mais en vérité, ce n’est pas toi.
C’est l’impression d’avoir été rejeté.
Ce sentiment que ton départ prouvait, que je ne valais pas la peine d’être aimé.
Mais je comprends à présent que tu ne m’as pas rejeté.
Tu es simplement partie vivre autre chose, tes projets, ta route.
Et c’est très bien ainsi.
De mon côté, j’avais besoin de toi.
Tu étais, à mes yeux, la preuve que je valais quelque chose.
Te voir partir, c’était tout remettre en cause.
C’était insupportable.
Mais ce n’était pas ta faute.
C’était mon histoire, ma blessure, mon problème.
Et maintenant, je comprends pourquoi tu as coupé les ponts.
Pourquoi tu n’as plus répondu à mes messages.
À ta place, j’aurais fait pareil.
Pour ne pas faire souffrir davantage.
Pour ne pas raviver les braises d’un feu qui devait s’éteindre.
Et pour ça aussi, je te remercie.
Je ne sais pas quelle image je t’ai laissé.
Mais j’espère qu’il te reste quelques-uns des beaux moments que nous avons vécus.
Pour moi, ce bout de chemin avec toi restera un des plus heureux de ma vie.
Tu es une fille bien, vraiment.
Et je suis heureux d’avoir croisé ta route.
Tu avais sans doute un temps d’avance sur moi, et grâce à toi, j’ai beaucoup appris.
Aujourd’hui, je suis heureux d’écrire ces lignes.
J’ai la sensation d’être en paix.
Il est temps de te dire au revoir, pour de bon cette fois.
Bon vent, Va !

