
En parcourant mes archives, je suis tombé par hasard sur certaines de mes vieilles photos (oui je peux commencer à le dire maintenant). Des photos qui ont 10 ans. Des photos de ma vie d’avant. En regardant ces photos, je me suis replongé dans mes souvenirs et dans les sensations de cette époque, restées gravé en moi.
Immédiatement, j’ai ressenti quelque de chose de très fort, mais que j’ai du mal à exprimer, car c’est un sentiment complexe. Je pense que c’est de la frustration. J’ai perçu dans ces photos, en un instant, tout ce que j’avais construit, tout ce sur quoi j’avais bâti ma vie et tout ce qui lui a donné son sens. Tout ce qui n’est plus, tout ce qui me manque.
Chose étonnante, à ce moment précis, aucun souvenir négatif n’a ressurgi. Aucune dispute, aucune incompréhension, aucune blessure. Oubliées toutes les casseroles que l’on a accumulées qui ont fini par avoir raison de nous.
En regardant ces photos j’ai ressenti un mélange de joie, de peine, de colère, de bonheur, d’envie, une sensation de gâchis. Tout est mélangé et arrive en même temps. Vient aussi un sentiment d’abattement quand je prends conscience du temps et de l’énergie que cela représente de construire un couple, de bâtir une famille. C’est comme gravir une montagne. Alors qu’à contrario, tout casser est tellement facile, il me suffit de me laisser glisser le long de la pente, et en peu de temps, je suis arrivé en bas.
Ce que j’ai ressenti, ça ressemble à ce que je ressens quand je suis au pied de Mont Ventoux et que je regarde son sommet. Je me dis : « putain, c’est haut ! » (oui j’ai un vocabulaire très familier dans ces cas là 😅) . Rien qu’en le regardant, je sens mes mollets et mes cuisses qui brûlent, car qu’au fond de moi je sais l’effort que cela va me demander.
20 ans de construction…20 ans à gravir cette montagne et aujourd’hui, après avoir dévalé cette pente, je me retrouve de nouveau en bas à regarder le sommet et je me dis : « putain, j’ai l’impression que c’est encore plus haut… ». J’ai déjà une sensation de calcination qui me parcourt les jambes…
Remonter la pente !!!!
Je dois l’avouer, quand je rencontre quelqu’un, j’ai l’impression d’être face à une nouvelle montagne. En regardant son sommet, je mesure tout le chemin qu’il va me falloir parcourir, tous les efforts que je vais devoir fournir. La tentation est grande de vouloir s’attaquer à des montagnes que j’ai déjà gravies, mais j’en suis déjà redescendu et puis je finis par me rappeler pourquoi…je redescends !
Parfois aussi, l’ascension est géniale, tout se passe bien et j’ai n’ai même plus envie d’arriver au sommet, j’ai juste envie de profiter de la randonnée. L’ascension est un vrai plaisir et l’énergie d’avancer semble inépuisable. Et puis, surgie une falaise, une paroi infranchissable, quelque chose que je n’avais pas vu venir et contre lequel je suis tout bonnement impuissant…je redescends !
Remonter la pente ????
Pour être honnête, je ne sais pas si je vais y arriver. En fait, c’est plutôt que je ne suis pas certain d’en avoir envie. Je crois que cette image de montagne ne me convient plus. Grimper, arriver au sommet. A quoi bon ? Je suis fatigué de toujours vouloir grimper, construire, aller toujours plus haut. Pourtant, en regardant mes photos, j’ai bien perçu que j’en avais envie. Je me suis souvenu du bonheur de ces années et j’ai ressenti cette envie de le retrouver. C’est toujours là !
Mais je crois bien que j’ai peur de remonter la pente. J’étais déjà impatient de nature et en plus de ça, je suis devenu méfiant. A la moindre difficulté, j’ai l’impression que la glissade est imminente et j’en perds l’envie de grimper. Dans ces conditions, remonter la pente me parait bien être une mission impossible 😅.
J’ai écrit il y a peu que, sans doute, ma vie sentimentale serait un peu comme faire du trail. Je crois que j’ai de moins en moins de doute…Ce que j’aime dans le trail, c’est la liberté d’aller où j’ai envie d’aller. Courir longtemps, faire du dénivelé, ce n’est pas un challenge sportif, c’est juste un moyen pour moi d’atteindre des destinations que j’ai envie d’atteindre, même si elles sont lointaines. Courir longtemps en souffrant n’est franchement pas ce que je recherche. Courir longtemps tout en me promenant et en prenant du plaisir, c’est exactement ce que je souhaite. Et surtout, courir longtemps pour aller quelque part !!!! ça colle plutôt bien avec qui je suis finalement et comme le petit Marcel Pagnol, j’ai bien envie d’aller voir ce qu’il y a derrière la colline🦋. Par exemple, quand je passe en voiture près d’une colline avec un pic rocheux, j’ai envie d’aller y grimper dessus pour y picniquer…je ne sais pas pourquoi, c’est comme ça 🤷♂️!
Alors voilà, tout bien réfléchi, je crois bien que je ne vais pas remonter cette pente. Je vais plutôt aller me balader et si le chemin est agréable et que me vient l’envie d’aller voir ce qu’il y a derrière la colline, alors peut-être que je me risquerais à remonter la pente 🏔️.


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