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Au revoir Maman…

Le vide, Enso, il est là, en moi. Présent à chaque seconde de ma vie et ces dernier temps il s’est fait encore plus remarqué. Je sens que c’est lui la clef! C’est assez complexe à expliquer mais j’ai la sensation que ce vide est à l’origine de mon comportement, de mes choix de ma confiance et mon estime. Mais voilà, même si j’ai compris comment je dois m’occuper de ce vide, cela reste difficile. Presque toute ma vie, j’ai demandé à d’autres de s’en occuper. Je l’ai nourri d’attention, de reconnaissance, de sexe et d’amour, mais apporté par les autres. Changer cette habitude n’est pas chose aisée et cela me demande du temps.

Récemment j’ai décidé de porter une grande attention à mes sensations, d’aller ressentir des choses que jusque là j’ignorais volontairement. J’ai tout simplement souhaité améliorer le dialogue avec mon inconscient pour comprendre à quoi mes émotions étaient rattachées. Qu’est-ce qui provoque tout ça chez moi. Au départ j’ai reçu des messages qui me semblaient hors sujet et je ne comprenais pas. Et puis, j’ai arrêté d’essayer de comprendre et j’ai simplement accepté le fait que je devais m’occuper de ces sensations, les écouter. Après tout je suis là pour améliorer le dialogue alors quoi de mieux que de commencer par écouter attentivement et de prendre en considération ce que me dit mon inconscient. Dis comme ça, ça tombe sous le sens mais pourtant ce n’est pas toujours ce que je fais.

Donc, voici que ma maman refait son apparition…de manière assez intense, je pourrais même dire violente. Je me suis pris une grosse soufflante de la part de mon inconscient. Bon, ok, allons explorer de ce côté là ! J’avoue que cela me fait peur. Je pensais avoir fait mon deuil et voilà que les souvenirs et la souffrance reviennent. Mais bon, c’est important, j’ai envie de mettre de l’ordre, alors j’y vais.

Au départ j’ai pensé qu’une partie de mon deuil n’était pas terminé. Mais quelque chose ne colle pas. Une fois la tempête des émotions passée, d’autres sensations font leur apparition, moins intenses et plus profondes. Notamment une sensation d’enfermement ou plutôt une envie de liberté. C’est très étrange, il ne s’agit pas de tristesse ou de manque de ma maman à proprement dit, c’est plus subtile. D’autres sensations arrivent peu à peu et rendent le tableau assez complexe. Confiance en soi, estime de soi, liberté, rejet, angoisse, besoin de sens dans mes agissements, besoin de lien, besoin d’action sociale… C’est un véritable casse tête ou plutôt un gros bordel 😅.

Et puis…le sens commence à apparaître. A force d’écouter les messages, je m’aperçois qu’il y a un fil rouge dans toutes ces sensations. C’est un fil très mince qui relie tous ces éléments et ce n’est pas ma maman, comme je le pensais, mais plutôt ce qu’elle représente pour moi, mon besoin de sécurité, de validation. Et je comprends aussi, que ce que je vis n’est pas relié au décès de ma maman. C’est bien plus ancien et cela remonte peut-être jusqu’aux premières heures de mon existence. Le deuil qu’il me reste à faire est difficile à décrire. Je dirais que c’est le deuil de la présence sécurisante extérieure…c’est pas très poétique je te l’accorde, mais pour le moment c’est ce que j’ai de mieux.

Ca parait un peu tiré par les cheveux et j’ai même un peu de mal à accepter ce que je suis en train d’écrire. C’est pourtant ce que je ressens. Alors j’écoute! Et ça ne va pas être simple à expliquer…

Si tu me connaissais, tu verrais quelqu’un d’autonome, rêveur mais sérieux, plutôt solitaire et en même temps sociable et assez facile à vivre. Je fais ma vie, je prends des décisions et j’assume mes choix. Tu ne te douterais pas que j’ai encore un bout de cordon accroché à ma maman. En tout cas, c’est loin de l’image que j’ai de moi et c’est très loin de l’image que j’ai envie de renvoyer aux autres, c’est certains. Et pourtant…Quand je dis que j’ai un bout de cordon accroché à ma maman. Ce n’est pas tout à fait exact, j’ai bien un bout de cordon mais il n’est plus attaché à ma maman et ce depuis longtemps. En revanche, je m’aperçois que j’ai tendance à le raccrocher à d’autres. Ce n’est pas visible, c’est inconscient. Une amie m’a souvent parlé de son sparadraps, qu’elle avait besoin de coller sur les gens qu’elle rencontrait. J’avais du mal à comprendre l’image, mais aujourd’hui, je pense que c’est l’équivalent de mon bout de cordon.

La première idée qui me vient est évidemment de couper une bonne fois pour toute ce cordon. Mais ne serait-ce pas se couper des autres, de mon environnement, du monde en fait ? J’ai beau y réfléchir, j’ai du mal à croire que je doive ou même que je puisse me passer de mon cordon. J’ai trop peur d’y laisser mon humanité et le lien que je peux avoir avec les autres. En fait, je pense que le gros problème c’est d’accepter que j’ai ce cordon et que j’en ai besoin, que je dois faire avec. Quand j’étais encore marié, la question ne se posait même pas, c’était évident. Je me reposais sur ma moitié et elle avait pour rôle de remplir mon vide. Elle était celle sur qui j’avais raccroché mon cordon, et j’avais une nouvelle maman en quelque sorte. Mais voilà ! Tout ça n’existe plus. Mon cordon a été arraché et la blessure est toujours sensible. Cette expérience m’a mis dans une grande insécurité en vérité. Je me suis retrouvé seul avec mon cordon dans les mains. Depuis, sans vraiment en avoir conscience, j’essaie de trouver des gens sur qui je puisse le raccrocher mon cordon meurtri. Et en même temps, je n’en ai pas envie car j’ai ce souvenir de la rupture et de l’arrachage de cordon qui se rappelle à moi.

Alors que faire ? C’est un peu schizophrénique non ? Chercher à accrocher mon cordon et en même temps tout faire pour m’en passer ! De quoi donner envie de partir élever des chèvres dans le Larzac!

Il me parait évident que je n’ai plus envie de cordon. Il me restreint dans ma liberté et je ne le supporte pas. Pour autant, je ne peux pas faire sans connexion, sans lien, sans appartenance, sans partage. J’en ai besoin c’est évident. Alors que faire ?

Au début, j’ai pensé à remplacer mon cordon par des racines. L’idée me paraissait séduisante, surtout que j’ai eu l’image d’AIWA, l’arbre sacré du film avatar, auquel toute chose est connectée. Mais l’idée de racines me semble trop statique et moi j’ai besoin de liberté. Alors…

Je me dis que les bateaux qui sillonnent les mers du globe ont tous un port d’attache. Un lieu où attérir. J’aimerai avoir ça. Un port d’attache. Avec ses quais, ses pontons, ses bars remplis de marins et de rhum…un endroit où je me sente bien et dans lequel je puisse atterrir après un long voyage. Partager mes aventures et rêver en écoutant celles de capitaines intrépides. Je crois que j’ai besoin de lien ! Tout simplement. Du lien social, des connaissances, des amis et des projets communs. C’est ça qui est important et c’est ce qui me manque aujourd’hui, c’est ça mon port d’attache. Et je n’ai pas besoin de le trouver, je peux le construire !

« Je te dis aurevoir, chère maman protectrice ainsi qu’à ta présence sécurisante extérieure. J’ai toujours eu besoin de ta présence à mes côté. De savoir que tu serais toujours là quand je rentrerais. Aujourd’hui, je n’ai plus besoin de quelqu’un pour veiller sur moi. Merci pour tout, tu seras toujours avec moi, dans mon cœur. Je t’aime! »

Petit cadeau bonus, une chanson qui me touche et que j’aime essayer de chanter !

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