J’aime beaucoup le concept du film « the Matrix ». Un monde dans lequel la réalité n’est en fait qu’une fiction produite par des machines pour exploiter l’humanité. Comme beaucoup j’imagine, je me sens piégé dans cette matrice…Mais pas tout le temps.

Ce n’est qu’à certains moments que j’y fais attention. La plupart du temps, j’ai la tête dans le guidon, trop occupé par mes affaires courantes. Cependant, il arrive que je sois rattrapé par la fatigue et que je ralentisse. C’est alors que je lève la tête et que je commence à faire attention à ce qui se passe autour de moi.
Je regarde alors le monde qui m’entoure, je contemple les paysages, j’écoute les sons, je ressens ce qui se passe en dehors de ma vie…et je commence à me sentir mal. Je regarde ma vie en face et je n’arrive plus à la comprendre. Le sens m’échappe. Quel est le sens de ma vie ? Comment ai-je envie d’utiliser le temps qui m’est imparti à la surface de la terre…?
J’ai le ventre noué, des sensations étranges apparaissent, indéfinissables. Est-ce du bien-être, de l’angoisse, du dégout ? Impossible pour moi de le comprendre. Mais c’est là et ça n’arrive que dans ces moments de « conscience » particuliers, un peu en marge de ma vie habituelle.
Cela fait plusieurs fois que ça m’arrive en quelques mois. Le phénomène semble s’accélérer. C’est certainement parce que je suis dans une période de changement, de doute, de fragilité. En effet, ma vie professionnelle et ma vie personnelle sont actuellement remis en question.
Seraient-ce simplement mes démons qui tentent de s’engouffrer dans cette faille ? Ou bien mon véritable moi qui tente de me faire parvenir un message ?
Je n’en sais rien, mais il faut que je comprenne. Je trouve insupportable de ne pas arriver à savoir ce que je ressens. Moi qui pensais avoir enfin compris mon fonctionnement, je dois admettre que là, je bloque.
Je me sens comme Néo guidé par son intuition face à Morphéus, refusant de croire que c’est comme ça et puis c’est tout…J’ai donc le choix entre la pilule bleu et la pilule rouge.
Pilule bleu, je ne vais pas plus loin. Je considère que c’est le destin, que c’est comme ça et que c’est à cause des autres. Je m’enfuis, ailleurs, pour trouver une vie meilleure.
Pilule rouge, je pars à la recherche de cette vérité qui m’échappe. D’où proviennent ces sensations…
Je choisis la pilule rouge et je descends au fond du terrier avec le lapin blanc!
En écrivant ces lignes, je commence à ressentir des choses, des émotions sans pouvoir les interpréter. Mais j’ai vraiment envie de comprendre ce qui m’arrive, je vais tenter d’y parvenir.
Commençons par le commencement. Je vais essayer d’être honnête.
Si je m’écoute attentivement, j’ai envie…de crier. J’ai de la rage en moi qui cherche à s’exprimer. Mais je n’arrive pas à la sortir. Je lui mets des chaînes. Je n’arrive pas à la verbaliser.
Oui, c’est ça. Maintenant que je l’écris, des souvenirs, des images, des sons arrivent. Il y a tant de choses qui me rendent fou. Je ne comprends par les autres. J’ai l’impression qu’ils sont égoïstes, en retard, qu’ils font fausse route, qu’ils sont contre moi. J’ai l’impression qu’ils ne me comprennent pas…qu’ils me rejettent! J’ai le sentiment d’être incompris, j’ai le sentiment d’être seul et abandonné…
…Et je ne dis rien, je reste dans le contrôle, voir le politiquement correcte. Je suis dans une rage folle et je garde tout cela en moi. Je ne parle évidemment pas de situation de survis dans lesquelles il est vital de fermer sa gueule :-). Je parle du quotidien.
Pourquoi ? Qu’est-ce qui me pousse à réagir ainsi ?
Certainement que cela prend sa source dans un besoin de reconnaissance, d’être parfait, aimé de tous avec en toile de fond toujours cette peur d’être abandonné…
Quoi qu’il en soit, cette méthode fonctionne un temps. Et puis, avec l’accumulation, je finis par être saturé de non dis, de colère. De colère contre moi surtout, même si dans la réalité elle est dirigée vers les autres.
Je finis par me sentir faible, trouillard ou tout simplement nul…ma confiance s’effiloche, mon estime s’effrite.
Doucement, un cercle vicieux se met en place. La confiance chute, ma capacité à exprimer convenablement mes ressentis diminue. La colère et le stress me gagnent ainsi que la fatigue. J’ai alors beaucoup plus de mal à supporter la pression et ma confiance diminue d’autant plus, etc, etc, etc….
Je finie par mettre un genoux au sol. Les envies de fuir cette situation font leur apparition. Le sport, le yoga, la méditation, la musique…tout ce qui me permet de m’évader habituellement ne fonctionne plus et je n’ai plus accès à la paix intérieure. Et la crise du Covid n’arrange rien…
Je regarde alors le monde qui m’entoure, je contemple les paysages…blablabla… Le sens m’échappe…blablabla…et tout ça je l’ai déjà écrit et ça va pas et je déprime.
La spirale est en place!
Encore une fois l’écriture me permet d’entrevoir une solution. elle m’apparait, limpide, comme une évidence.
Je suis en colère contre moi.
Je n’arrive plus à gérer la situation et je m’en veux. Ma belle image, ma belle estime de moi part en lambeaux. Je ne suis plus capable de trouver mon bonheur. J’ai envie de fuir, de tout casser, de changer de vie, de partir loin de cette situation que je n’arrive plus à gérer.
Et ça me dérange. Je peux comprendre l’envie de vouloir changer de vie pour réaliser un rêve, ou trouver l’harmonie. En revanche, je ne supporte pas de fuir juste parce que je n’arrive pas à exprimer mes sentiments.
Dois-je remettre en question ma vie pour un problème d’expression ?
Est-ce réaliste d’avoir une vie dans laquelle je n’aurais jamais aucun désaccord à exprimer, aucun ressentis à partager ?
Et quand j’aurais changé de vie, combien de temps va-t’il se passer avant que ce problème ne refasse surface ?
Dis comme ça…j’ai toutes les chances du monde d’embarquer ce problème avec moi et de le retrouver dans cette autre vie….
Non, je dois m’occuper de ce problème et trouver une solution. Le risque est trop grand de le trainer toute ma vie et de passer à côté de ce qui est important, trop occupé à fuir cette malédiction du non dis.
Je me sens beaucoup mieux. Mon corps me fait sentir que l’on sait compris. La sensation de mal-être a disparu et les idées fusent. J’ai l’impression d’avoir trouvé la limaille qui bloque mon engrenage.
Maintenant, j’ai une chance de m’en sortir.
Je vais apprendre à dire les choses avant qu’elles ne me rongent. Et je vais apprendre à les dire avec justesse.
Je veux être juste, c’est d’ailleurs l’une de mes valeurs phare et je veux la respecter.
Être juste peut vouloir dire beaucoup de choses. Pour ma part, je considère qu’être juste, c’est agir d’une manière appropriée et dépourvue de méchanceté. Agir avec fermeté peut tout à fait être juste.
Et comme je l’ai écris plus haut, la méchanceté, la colère, viennent surtout du fait que je n’exprime pas certaines choses. J’ai donc bon espoir d’y arriver.
Reste à trouver comment m’y prendre. J’ai beau « prendre conscience de » et « accepter « la situation, cela ne va pas changer ma vie pour autant. Il va me falloir changer les choses.
Mais comment faire ?
Je dirais comme d’habitude. Quand je ne sais pas comment faire, je commence par…faire quelque chose. Ca peut paraitre bizarre je sais. Mais pour changer les choses j’ai besoin d’être créatif, de faire des expériences et d’apprendre. Et cela n’est pas possible si je reste au stade de la réflexion. J’ai besoin de mouvement.
Du coup, je vais commencer par prendre la décision de changer. Pour cela je prends la décision de m’exprimer quand le besoin s’en fait sentir. Et je vais le faire, encore et encore jusqu’à ce que j’arrive à exprimer mes sentiments avec justesse.
Je verrai bien jusqu’où le lapin blanc va m’emmener…

