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Les nuages du passé

Il m’est souvent arrivé de vivre des périodes de doute. Pas de doute sur un sujet précis, mais plutôt de doute latent, diffus, à peine perceptible, mais omniprésent.

Ce doute prend la forme d’un vide inexplicable dans ma vie. Quand tout va bien, que la vie est belle, mais que…il y a ce petit vide de rien du tout, qui me fait douter de mon bonheur.

Ces petits nuages qui traversent mon ciel azur baigné par le soleil. Ces petits nuages sur lesquels je me focalise et qui finissent par m’empêcher de profiter pleinement de cette belle journée.

Pour tout te dire, je me fais cette réflexion car j’ai récemment retrouver quelqu’un avec qui j’ai écris une partie importante de mon histoire, de mes jeunes années. En se remémorant nos souvenirs insouciants, je me suis rendu compte de la différence qu’il y avait entre mes souvenirs et les siens. Quand ces souvenirs évoquent des moments importants, intenses qui ont façonnés son existence; moi, je n’ai presque rien en boutique…Nous avons pourtant vécu cela ensemble.

Quelle frustration. J’ai l’impression d’être passé à côté de cette période de ma vie. Comment ai-je pu oublier ces moments, cette époque…

Cette histoire me fait peur. Suis-je encore, à l’heure où j’écris ces lignes, capable d’oublier les moments importants de mon existence, les grandes expériences de ma vie?

Dans 20 ans, qu’aurais-je oublié ?

Cela fait quelques mois que cette question occupe une partie de mes pensées et j’ai fini par comprendre que dans ma jeunesse, quelque chose occupait mon esprit. Mon ciel était en partie occupé par des nuages. Et ce dont je me souviens, ce sont les nuages.

Les choses n’arrivent pas par hasard, une fois de plus dans ma vie, je me retrouve face à une porte qui conduit à une partie de mon histoire. Derrière cette porte, ce trouvent mes souvenirs que j’ai entassés là pour ne plus y penser et avancer. Au milieu de tout ce bazar, se trouvent ces fameux souvenirs mélangés avec des nuages…

Je sens que ce que j’écris est important, mon corps me le fait comprendre. Mon ventre est noué, mes larmes coulent, ma gorge se serre. Ce n’est pas très agréable, mais je n’ai pas envie d’arrêter pour autant. Le temps est venu de rouvrir cette porte et de reprendre possession de mon passé. De faire le tri et peut-être de finir un deuil jusqu’alors inachevé. Je franchi visiblement une étape importante de ma vie.

Comme d’habitude, j’ai commencé ce texte avec une idée et je suis en train d’écrire tout autre chose. Mais ce n’est pas grave, au contraire. Je ressens une certaine communion entre mon corps et mon esprit, quelque part entre le bien-être et l’inconfort. A la manière de Jack Sparrow sur son Black Pearl, suivant les indications de sa boussole, qui n’indique pas le nord, mais bien la direction vers ce qu’il désire. Celle-ci ne le guide pas vers une vie tranquille, mais vers l’aventure, les batailles et les tempêtes…

Ma boussole à moi, c’est mon corps et il ne m’indique pas le nord, ni la norme, mais bien ce qui est important pour moi, ce dont je dois m’occuper. Je lui fais confiance. Reste à mon esprit de comprendre de quoi il s’agit et de trouver la solution, la bonne manière de faire. Je lui fais confiance également.

Je suis là, âme passagère, embarquée dans mon corps, ce vaisseau à bord duquel j’effectue le voyage de ma vie. Mon esprit est un fidèle capitaine et mes émotions sont ma boussole (ou mon compas pour les puristes 🙂 ).

Sur mon navire, chacun a son rôle. Il n’est pas concevable que mon capitaine décide de lui-même de la destination ou de la direction. A coup sur, nous ne naviguerions que vers des destinations utiles…mais sans saveur, qui ne m’intéressent pas. C’est bien le passager qui choisit la destination. Mon âme!

Il serait très dangereux que ma boussole prenne le commandement du navire et ordonne sans tenir compte des nécessités de la navigation. L’océan est dangereux, le naviguer demande de l’expérience et une certaine préparation. Pas question non plus que ma boussole décide de la destination.

Enfin il n’est pas concevable non plus que mon âme prenne en charge la navigation. Elle est la passagère. Son rôle est d’indiquer qui je veux être. J’en informe mon capitaine qui lui-même consulte sa boussole. Et ensemble, nous sommes moi. Et ensemble, nous naviguons notre vie.

Mais alors me diras-tu, les nuages, la porte ? Que vas-tu faire ?

Ah oui c’est vrai…je me suis encore égaré

Et bien la porte…ce n’est plus un problème. La boussole nous a indiqué que le chemin passait par cette porte et nous l’avons franchi. Comme prévu, j’y ai trouvé des souvenirs et des nuages. Mais j’y ai aussi trouvé un trésor.

Pas de ceux que l’on déterre et qui contiennent des pièces d’or. Un trésor d’une autre sorte. Un de ceux qui font prendre conscience du chemin parcouru. Je suis maintenant en paix avec mon passé. Je ne le fuis plus et je ne le regrette pas non plus. Il fait simplement parti de moi. C’était une étape de mon voyage et j’en tire aujourd’hui de précieux enseignements.

Et pour les nuages…?

Avec l’expérience, j’ai fini par comprendre que le problème ne venait pas réellement des nuages. Malheureusement, je ne peux pas commander la météo. Il y aura toujours des nuages pour venir occulter mon soleil. De-même, je ne peux raisonnablement pas espérer conditionner mon bonheur à une hypothétique absence de nuage.

En revanche, je me rends compte que les nuages ne me gênent pas forcement. Dans ma vie, j’ai traversé des périodes franchement nuageuses sans encombres, alors qu’à d’autres moments quelques nuages ont suffis à gâcher ma vie.

Ce qui change, c’est la manière de réagir à ces nuages. Et cela vient de moi.

En effet, nous n’avons pas tous exactement la même boussole, ni le même capitaine et que dire de notre âme…

Il y a quelques années, j’ai compris que ma boussole de poulpe est très sensible. Ca me donne l’avantage de ressentir beaucoup de chose. En revanche, elle est très instable et du coup pas très fiable. L’utiliser demande de l’expérience, ce qui faisait cruellement défaut pendant mes jeunes années.

Pas facile pour le jeune capitaine Poulpe d’interpréter les signaux de cette boussoles…Même en baissant sa sensibilité au maximum, elle continu d’envoyer des signaux bizarres.

Alors même que le ciel est d’azur et la mer d’huile. Un petit nuage suffit à faire dévier l’aiguille de ma boussole. Le bonheur m’échappe…

Mon jeune capitaine soucieux de bien faire, interprète ce signe et cherche à corriger la trajectoire. D’autant que celui-ci a besoin de reconnaissance. Cela fait de lui à la fois, quelqu’un d’impatient et d’extrêmement exigeant….et donc, au lieu de profiter du voyage, mon esprit se focalise sur les petits nuages…

C’est pour cette raison je pense, que souvent dans ma vie, j’ai cette impression de manque, de bonheur incomplet sans réellement comprendre pourquoi.

Il m’arrive aussi de me retrouver face à de très gros nuages. Des tempêtes contre lesquelles je ne peux rien et face auxquelles je me sens complètement impuissant. Certaines de ces tempêtes viennent de l’extérieur. D’autres sont personnelles. Elles tirent leur puissance de mon histoire, de ces souvenirs que j’ai entassés derrière une porte que je n’ose plus rouvrir. Tant que ces pièces resteront closes et que je n’aurais pas fait le ménage dans mes souvenirs, les tempêtes seront là.

Tu peux imaginer la réaction de ma boussole quand la tempête pointe le bout de son nez…C’est la panique à bord. Mon jeune capitaine tente en vain de rectifier une situation contre laquelle il ne peut rien. Il ne peut qu’affronter la tempête du mieux qu’il le peut et attendre que ca passe.

Mais il n’aime pas ça. Il ne supporte pas l’idée qu’il est impuissant face à la tempête. Alors il va tout simplement détourner son attention et préserver son estime de soi, son besoin de reconnaissance. Au lieu de s’occuper de la tempête, de maintenir son cap, de serrer les dents en rêvant du beau temps qui reviendra, il va aller chercher les petits nuages, moins méchants, qu’il pense pouvoir dissiper. Ainsi il pense satisfaire son désir d’avoir de l’emprise sur la situation. Mais les petits nuages, ne sont que des petits nuages, finalement sans importance. Les dissiper au prix de gros efforts n’a aucun effet sur ce qui génère les tempêtes. Et bientôt, lorsque le ciel bleu réapparait, mon capitaine se bat toujours avec les petits nuages, s’efforçant de toutes ses forces de me conduire vers un bonheur sans nuage.

Ma famille, mes amis, les moments que je partage avec eux…c’est mon ciel bleu baigné de lumière. Malheureusement, j’ai passé beaucoup trop de temps dans ma vie a m’occuper des petits nuages, au lieu de profiter des rayons du soleil. A chercher dans ces nuages les causes des tempêtes que je traversais.

Aujourd’hui, je suis heureux de constater que mon capitaine a acquis beaucoup d’expérience lors de ses navigations. C’était nécessaire. Il a compris qu’il pouvait compter sur sa boussole, quelle était simplement très sensible et qu’il lui suffisait d’interpréter ses signaux avec finesse et sang froid. Mais en aucun cas faire sans.

Et mon âme…ma conscience…?

Peut-être dans mes jeunes années ai-je eu du mal a savoir qui j’étais et a indiqué clairement à mon capitaine la destination de notre voyage. Peut-être est-ce toujours le cas…

En tout cas, maintenant je fais attention à cela. Je m’efforce de comprendre qui je suis, de l’accepter et de définir les destinations…Je ne peux pas demander de naviguer vers le bonheur, cette destination n’existe pas.

En revanche je peux dire qui je veux être. Quelles sont mes valeurs, qu’est-ce qui m’anime, qu’est-ce qui fait que la vie vaut d’être vécue. Qu’est-ce qui qui me rend heureux…

Pour la route à suivre et la manière de naviguer, je laisse mon capitaine et ma boussole s’en charger…et je profite du voyage pour me détendre. Enfin j’essaie 😉 .

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