Uncategorized

Je pense, donc j’écris…

Il est 5h50. Je suis réveillé depuis 2h30. Dans 45 minutes, mon réveille sonnera et ce sera réellement la fin des vacances…

Je reprends le travail après 15 jours off. Même si je n’en ai pas l’impression, je suis anxieux à l’idée de reprendre. Je n’y pense pas vraiment, mais c’est là et mon corps me le rappelle. Jusqu’à 2h30, j’ai bien dormi.

J’ai pris mes congés en pleins démarrage d’un nouveau projet, dont je suis responsable, pas le choix. Ce projet est le seul que nous ayons gagné cette année. Il en aurait fallut 4 autres pour que l’année soit bonne. La situation n’est pas géniale car ma société est en vente. Les bâtiments dans lesquels je travail sont vendus, déménagement prévu dans 6 mois. Difficile de faire comme si tout allait bien.

Donc demain, je reprends le taff, nous serons le 10 Août 2020. J’ai une journée pour me préparer et je prends l’avion pour une importante réunion de lancement de projet dans une pays d’Europe, en pleine crise du Covid19…Nous avons 1.5 jours pour faire connaissance et jeter les bases de notre collaboration avec le client. Il faudra ensuite réaliser un projet d’une grande complexité en un temps record avec un budget réduit. Quelques miracles et le tour sera joué. J’ai un peu la pression…

Donc oui, je suis anxieux. Et comme d’habitude, c’est la nuit que je le ressens le plus.

A 2h30, mon corps (ou mon esprit) me réveille. Ce n’est pas un réveil cool, mais plutôt un mauvais réveil dû à un rêve à la limite du cauchemar, tellement tordu que même une fois réveillé tu te demandes si des fois, tu serais pas toujours en train de rêver. Tu sais plus trop où tu habites.

Après un petit verre d’eau, j’essaie de retrouver le sommeil. Je suis habitué aux insomnies et je sais que les chances de me rendormir sont faibles, mais je tente le coup, j’ai besoin d’être en forme pour demain.

Malheureusement, il se passe quelque chose qui m’empêche d’y parvenir : je pense.

Je pense, je pense et je pense encore. Je suis en train de monter une super production dans mon esprit. Et ce qui est étonnant, c’est que j’adore ça. J’y prend un plaisir incroyable, à tel point que je n’arrive pas à m’en extraire, même à la suite mes rares moments de conscience où je regarde l’heure et me dit  : « je vais passer une sale journée demain ».

Dans mon rêve éveillé, je suis le personnage central de l’histoire. Je suis assis à une table, entouré de personnes et nous discutons. Le sujet est le réchauffement climatique, sujet qui occupe pas mal mon esprit au quotidien. Dans la scène, les gens sont plutôt des antagonistes et essaient de m’expliquer pourquoi j’ai tort de m’inquiéter.

Et là, je sors un plaidoyer incroyable. Un monologue de plus de 3 heures (de 2h30 à 5h50) qui est sensé leur donner les bases nécessaires pour comprendre le réchauffement climatique, les origines, les enjeux et les solutions. C’est un peu prétentieux je sais :-). Toutes mes connaissances y passent et j’étale ma science avec générosité.

Ce qui est fou dans cette histoire, c’est que rien n’est linéaire. Il n’y a pas un début et une fin. Il y a une multitude de versions, de boucles qui s’enchaînent. Une sorte de répétition au cours de laquelle je teste mes connaissances, je fais des assemblages d’idées, je construis et je confronte mes raisonnements.

Et ça me fait un bien fou! Une sorte d’addiction ? Une obsession ?

L’heure tourne, mes chances de dormir s’amenuisent. Pourtant, je suis bien. Je n ‘ai plus la sensation d’être anxieux. Je suis dans ma bulle, je prends du plaisir à penser et le temps qui passe n’a plus d’effet. Bien-sûr, de temps en temps j’ai un moment de lucidité et je prends peur en regardant l’heure. Mais en me recouchant, je repars irrémédiablement dans ma bulle, si réaliste, si réconfortante. Comme quand je sais que j’ai trop bu mais j’en prend car-même un p’tit dernier. On est tellement bien !

Je ne suis pas si fatigué que ça en écrivant ces lignes. N’étais-je pas dans un espèce de demi-sommeil ? Suis-je réellement éveillé ? était-ce un rêve? En faite je n’en sais rien.

Ce qui est sûre, c’est que Je suis un peu frustré de m’en être finalement évadé pour écrire ces quelques lignes.

Je sais d’expérience qu’il ne faut pas que cette situation dure dans le temps. Même si la fatigue n’est pas encore là, elle va arriver (voir ces insomnies qui changent la vie). Quelques jours à ce rythme et je serai épuisé. Je vais donc devoir mettre à exécution mes stratégies habituelles pour essayer d’éviter la spirale infernale de l’insomnie ou tout du moins la supporter.

D’autre part, ces conversations, bien que réalistes ne sont en rien réelles. C’est une construction de mon intellect, une répétition dans une salle vide pendant laquelle je fais les questions et les réponses. La vrai vie est un spectacle dans une salle pleine de spectateurs, biens vivants, avec des émotions qui la parcourent et s’échangent, influant constamment sur les réactions des êtres et donc sur le cours de l’histoire.

Je prends donc mes distances avec ce refuge de bien-être que m’offre ma pensée. Il me semble si facile de m’y enfermer, de m’y conforter et d’y oublier la réalité. Plus je m’y enferme, plus en sortir devient pénible, comme sortir du cinéma après avoir vu Harry Potter et se rendre à l’évidence, ce n’est que du cinéma…

Quand je pense la nuit, c’est que ça ne va pas! Alors j’écris…

Signature

 

Laisser un commentaire