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Les Poulpe s’habillent en gilet jaune?

La France est le théâtre d’une action historique. Un mouvement d’un genre nouveau,  mené par ceux que l’on appelle les gilets jaunes. Une assemblée de citoyens excédés par la politique du gouvernement et la hausse des taxes, en particulier sur les carburants.

Quand j’écoute autour de moi, tout le monde semble soutenir les gilets jaunes et leur action. Tout le monde se dit accablé par les taxes et à en juger par la colère qu’ils expriment à travers leur propos, tous sont d’ailleurs très remontés contre le gouvernement.

Mais voilà, moi ce mouvement me pose un problème, je n’arrive pas à y adhérer. Et une fois de plus, je me sens complètement seul, nageant pour le coup à contre-courant complet…Ça y est, ça recommence. J’ai vraiment l’impression que c’est l’histoire de ma vie de ne pas faire comme tout le monde.

Pourtant, je comprends bien que lorsque l’on est un mère ou un père célibataire au SMIC ou au RSA, une hausse du prix des carburants, ça complique encore un peu l’histoire.

En pensant ça, je me sens un peu coupable de ne pas adhérer au mouvement. J’en parle autour de moi, mais cela restent des personnes de ma catégorie socio professionnelle. C’est à dire des gens qui ne se posent pas la question de savoir s’ils pourront acheter de quoi manger à la fin du mois. Et pourtant personne, mais alors personne, ne m’a encore parlé des personnes en situation de précarité pour justifier son soutient au gilets jaunes. En contrepartie, ils m’ont tous parlés de la perte de leur pouvoir d’achat…

Comme je suis jamais sûr de rien avant d’avoir examiner tous les aspects d’un problème (c’est un avantage affreux d’être un Poulpe) j’ai voulu savoir quelle allait être ma perte de pouvoir d’achat. Je t’épargne les calculs et je vais directement au résultat. Cette nouvelle fiscalité devrait engendrer une hausse comprise entre 68 et 126€ pour moi qui roule à l’essences. Entre 107 et 215€ pour ma Poulpinette qui roule au gazole.

Ça peut paraître beaucoup, mais ramené à notre budget annuel cela représente moins de 1%. Me concernant, je n’arrive pas à parler d’une grosse perte de pouvoir d’achat, d’autant que la baisse de ma taxe d’habitation comble ce déficit. Pour les personnes en précarité, ça représente une somme non négligeable. Attention, je parle bien ici de la hausse due aux taxes sur les carburants et non du coût global d’une voiture sur une année qui représente une part importante de mon budget.

L’histoire ne s’arrête pas là. J’ai un mal-être qui s’installe, comme une ritournelle qui reprend chaque jours en allumant la radio et en écoutant les médias débattre des gilets jaunes. Les conditions sont réunies pour lancer ma machine à penser avec sa foutue pensée arborescente si efficace et créative en pleine nuit…l’insomnie me guette. Il y a quelque chose d’important pour moi dans cette histoire!

Mes insomnies ont toujours une raison d’être. Au moment où j’écris ces mots, il est 01h01 du matin et je viens de me lever après avoir tout tenter pour mes neurones depuis 23h00. Pourquoi ces gilets jaunes m’obsèdent autant?

En fait, j’ai l’impression que cette obsession prend naissance dans mon enfance, à une époque où le gilet jaune fluo n’avait pas encore été inventé. Étonnant non? Je vais t’expliquer…

Vers l’âge de 6 ans, une énorme anxiété à fait irruption dans ma vie. Elle était liée à la découverte ou plutôt à la compréhension de la mort. Et au delà de la mort, c’est véritablement le fait de comprendre que rien n’est éternel qui me bouleversait. Par exemple, j’avais des angoisses incroyables lorsqu’en classe, j’ai appris que le soleil et la terre avait une durée de vie limitée. C’était insoutenable et cela va marquer mon existence pour des années. Aujourd’hui je comprends que ce n’est toujours pas terminé.

Une fois la pilule avalée et en apparence digérée, il a fallut attendre mes études d’IUT pour qu’une nouvelle expérience me perturbe. C’était lors d’un cours de microbiologie, l’études des bactéries. J’ai compris 2 choses importantes grâce à ce cours :

1- Les cellules de notre corps sont en fait les descendantes de bactéries, apparues  il y a des millions voir des milliards d’années. Ces bactéries ont colonisées l’ensemble du globe et ont évolué, s’associant les unes aux autres pour donner les êtres vivants que nous sommes. Nos lointains ancêtres sont donc des bactéries…

2- Lorsque vous mettez des bactéries dans un environnement propice, sans prédateur, elles vont consommer cet environnement et se reproduire de manière exponentielle. Elles se reproduiront jusqu’à ce qu’elles aient consommé tous les nutriments ou que les déchets qu’elles produisent rendent l’environnement toxique. A partir de ce moment là, la population décroit jusqu’à s’éteindre.

A ce moment là, il m’a paru évident que c’était la même chose pour nous, les êtres humains, dotés d’un esprit supérieur à celui du règne animal. Descendant des bactéries, installés sur une planète dont l’environnement est propice, nous étions exactement en train de faire la même chose, notamment avec le CO2 et le changement climatique qui s’accélère. Mon esprit en à pris un coup. Nouvelle période d’angoisse, marquée par la canicule de l’été 2003, qui a marqué les esprits et boosté les ventes de climatiseurs…

Je fini par oublier un peu ces histoires et me lance dans des études d’ingénieur. C’est alors que j’ai découvert « l’Energie ». La Force…Cette fameuse énergie. Ma vie en est remplie. Que ce soit l’énergie de mon corps qui me permet de vivre. Ou celle que je consomme à chaque instant de ma vie occidentale. Toute cette énergie provient de la même source, l’univers. Et nous parvient à travers deux choses principales, notre étoile et notre environnement, la terre.

J’ai compris que mon mode de vie est basé sur une consommation massive d’énergie et même à son gaspillage. Et pour que le modèle de mon pays, voir du mon monde fonctionne, il faut qu’il y ait la fameuse « croissance », c’est à dire consommer toujours plus d’énergie, tout en sachant que les réserves d’énergie, quelles qu’elles soient, sont limitées et pour certaines comme le pétrole commencent déjà à ce raréfier. Mon esprit de Poulpe est une nouvelle fois secoué.

Or cette énergie, quoi qu’on en dise, est très peu chère et omniprésente. Dans mon foyer, l’énergie directe (électricité, essence, gazole) c’est environ 8,5% de mon budget soit 20 jours de travail dans l’année. Ce n’est pas énorme! En comparaison, mon budget nourriture est de l’ordre de 25%, ce qui n’est pas énorme non plus. Mon budget logement, bien plus…C’est tellement pas cher l’énergie, qu’on l’utilise par « caprice », comme manger des tomates en hiver, ou climatiser à outrance pour maintenir 20°C dans une maison ou un magasin du sud de la France en plein Juillet. J’en passe et des meilleurs, nous avons tous des exemples parlants.

Cette énergie est partout, puisqu’elle est nécessaire à toutes mes actions. Tous mes objets ont été fabriqués avec cette énergie, toute ma nourriture à due au minimum être transportée et rien qu’en lisant ce texte via ta connexion internet, tu consommes de l’énergie. Si cette énergie vient à disparaître, que vais-je devenir ? Et mes enfants ?

Alors comment faire ? Si je suis mon raisonnement (issu de la micro-biologie), le seul moyen de baisser la consommation d’énergie est d’attendre qu’il n’y en ait plus. Malheureusement, le climat ne nous laisse pas le luxe d’attendre jusque là. Nous risquons de souffrir de conflits armés bien avant que le pétrole ne disparaisse.

Je te conseille de lire le livre « le changement climatique expliqué à ma fille » de Jean-Marc Jancovici, aux éditions « Seuil ». A la lecture de ce petit livre à la portée de tous, tu comprendras que l’énergie, c’est complexe et qu’il n’y a pas de solution miraculeuse. Pas même ITER, qui malheureusement ne sera pas au point avant des dizaines d’années.

Ok, mais on pourrait taxer aussi les industriels? Oui bien-sûr, c’est surement la prochaine étape. Mais qui va payer ? Ce sont toi et moi, qui achetons les produits de ces industriels et il y a de forte chance que les prix des produits augmentent en conséquence, donc…

Est-ce que porter un gilet jaune et manifester va permettre de changer ce comportement? Je ne pense pas et c’est bien pour cela que je ne me sens pas concerné par ce mouvement. Au contraire, je considère que la hausse des taxes sur les énergies est la seule manière de faire bouger les comportements. C’est malheureusement le seul levier suffisamment puissant pour faire évoluer une économie. Si les énergies sont chers, les économiser deviendra rentable et naturellement, les gens vont se tourner vers des systèmes moins gourmands en énergie. Et il vaut mieux payer cher l’énergie à notre état, qu’attendre et le payer de toute façon cher aux pays du golf et autres producteurs!

Mais ce n’est pas fini, car mon malaise est toujours présent dans cette histoire. Et la vraie cause de ce malaise, c’est que dans cette histoire je me sens coupable. Coupable d’être un consommateur lambda, énergivore et accro à la société de consommation. Coupable de ne rien faire. Je considère que mon comportement de consommateur est une des causes principales.

Et effet, les industries vendent des produits uniquement parce que je les achète. Et souvent je ne les achète pas par nécessité, mais juste parce que je veux avoir une vie plus simple. Si je change mes comportements de consommation, les industriels changeront leur comportement de production.

Le seul problème dans cette histoire, ce sont ceux qui galèrent et non ceux qui ont de bonnes situations, mais qui dépensent tout leur argent et du coup vivent à la limite de leurs moyens. Cela s’en sortiront.

Non, je pense à ceux que la vie malmène. Et là, j’avoue que je n’ai pas de solution hormis espérer que le gouvernement oublie un peu l’égalité pour plus d’équité.

Les générations précédentes qui ont grandi dans l’après guerre (14/18 et 39/45), n’ont pas mesuré le danger que représente une consommation massive d’énergie fossile malgré les alertes déjà émises à l’époque. Pour ma génération et celles de mes enfants, ce ne sera pas la même chose. Et rien que pour la prise de conscience, cet épisode des gilets jaunes sera une bonne chose, ça va ouvrir le débat!

Je ne peux pas décider de la politique énergétique du pays, c’est à l’état à bien-sûr de prendre ses responsabilités et d’agir. Mais maintenant, je connais le problème et il m’appartient de « faire ma part ». Me concernant, c’est avant tout en adoptant une consommation « responsable ». C’est la seule manière que j’ai trouvé pour rester congruent et me délivrer du « syndrome du gilet jaune » qui me hante…

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