Bienvenue à toi!
Dans ce premier article, je souhaite te faire part d’un concept : « être un Poulpe ».
Il y a énormément de choses à lire sur le fonctionnement des gens dis « surdoués ». Beaucoup de choses très intéressantes et instructives qui nous permettent de comprendre comment ça fonctionne.
Il y a également beaucoup de chose à dire sur la manière de le vivre! Chacun à la sienne en quelque sorte. Beaucoup de choses très intéressantes qui peuvent nous permettre de bien le vivre. Une source d’inspiration pour composer sa vie avec cette différence et en faire une caractéristique positive, un atout.
L’article qui suit est une présentation de ma manière de vivre cette différence. Avec un peu d’humour et pas mal de réflexion, d’expérience, je témoigne de ce que je vis et comprends de mon état de « surdoué ». Comment je le conceptualise et l’intègre dans ma vie.
Un article quelque part entre théorie scientifique et application pratique au quotidien…
C’est quoi « être un poulpe » ?
Etre un Poulpe, c’est avoir un quotient intellectuel total (QIT) « très supérieur » à en croire les résultats du WAIS IV (édition 2011 pour les puristes ;-). Etre un Poulpe, c’est juste une manière de dire « être surdoué », ou « doué » ou encore « haut potentiel ».
J’utilise le Poulpe comme avatar, car j’ai une certaine sympathie pour cet animal marin et en plus ça change un peu des zèbres….c’est très récent comme concept!
Je trouve que l’on peut faire de nombreux parallèles avec les personnes « haut potentiel ». Il possède une intelligence particulière et il a de très bonnes aptitudes pour apprendre et s’adapter à son environnement. Avec ses 8 bras, son corps tout mou et son bec de perroquet, on a du mal à le classer dans une catégorie. Il est maître dans l’art du camouflage, peut changer son apparence pour se fondre dans le décor et passer inaperçu. Technique utilisée aussi bien en défense que pour la chasse.
Enfin, son enveloppe est fragile. Pas d’épines ni de coquille. Alors il s’improvise des carapaces artificielles avec ce qu’il trouve.
Si tu es coutumier de cet univers, tu sais donc qu’être un Poulpe ce n’est ni mieux ni moins bien. C’est juste utiliser ses capacités différemment, être différent ou plutôt décalé par rapport au plus grand nombre. Par « décalé », je souhaite dire « percevoir la vie et les événements d’une autre manière ».
Etre différent, ce n’est pas forcément facile puisque ça peut compliquer l’intégration. Mais être différent c’est aussi une chance ! Car être différent et surtout agir différemment, c’est la condition « sine qua non » qui permet l’évolution vers quelque chose de mieux.
Ça ressemble à l’histoire du vilain petit canard…à la fin ce vilain petit canard, moqué de tout le monde, se révèle être un magnifique cygne. Voilà, sauf que dans la vraie vie humaine, on peut passer toute sa vie sans se rendre compte que l’on est un Poulpe ;-).
Mais alors, en quoi le Poulpe est-il si différent ?
Je ne souhaite pas trop rentrer dans les détails techniques du fonctionnement cérébral. Pour cela, je te conseille vivement de lire le livre « trop intelligent pour être heureux ? L’adulte surdoué » de Jeanne Siaud-Facchin. Je trouve que les explications données dans ce livre sont claires et complètes.
Finalement, j’ai l’impression qu’un Poulpe ça fonctionne de la même manière qu’un humain lambda, à l’exception, au moins, des deux choses suivantes :
- Le processus de réflexion qui sera plutôt arborescent chez le Poulpe et plutôt linéaire chez l’humain lambda ;
- La perception des sensations (celles des 5 sens) et des émotions, qui serait plutôt plus intense chez le Poulpe que chez l’humain lambda. Dans la littérature, le mot « hypersensible » est souvent utilisé pour décrire les Poulpes ;
J’utilise volontairement le mot « plutôt » car mon ressenti est qu’il n’y a pas une barrière tangible entre les Poulpe et les humains. Seuls les tests de QI en érigent une ! D’ailleurs le test donne un résultat en fonction d’une échelle, un score, qui est ensuite interprété par le praticien en fonction de statistiques étalonnées. Il y aurait donc de l’humain et du Poulpe dans chacun de nous. J’ai la sensation qu’il y a donc beaucoup de « nuances de Poulpe », bien plus de 50…
C’est un peu comme pour distinguer les couleurs de cheveux, que l’on classe en 4 catégories (en tout cas j’en connais au moins 4) blond, brun, roux ou châtain. Mais au final il y a une multitude de coloris. Certaines sont même à cheval entre 2…
Ma conclusion : Nous aurions donc un fonctionnement à dominante plutôt Poulpe, ou plutôt humain !
On raisonne de manière linéaire, lorsqu’une réflexion amène une réponse et une seule. A partir de cette réponse, une nouvelle réflexion commence jusqu’à obtenir une nouvelle idée et une seule. Et ainsi de suite jusqu’à la fin du raisonnement et l’accès au résultat. Le raisonnement prend donc la forme d’une ligne qui chemine et serpente jusqu’au résultat. Le Cerveau va en quelque sorte trier les idées pour ne sélectionner qu’une seule option, à chaque fois, la plus pertinente compte tenu de l’individu et de son expérience.
La pensée arborescente c’est presque pareil sauf que le cerveau ne trie pas les idées. Chaque réflexion amène donc plusieurs possibilités valides. A chaque étape, ce n’est pas une réflexion mais 2, 3, 4…plusieurs pistes qui vont être explorées. Le raisonnement prend donc la forme d’un arbre, qui à partir de l’idée de base, le tronc, génère des branches principales puis se ramifie encore et encore jusqu’au résultat final…une multitude de possibilités ! Je dirai que le résultat est tentaculaire :-), ça me va bien non ?
L’hypersensibilité, c’est le fait d’être plus sensible. Ça tombe sous le sens…mais de mon expérience, la différence la plus notable est sur les sens « un peu cachés », comme l’empathie, la physionomie ou l’intuition. Ce ne sont pas des sens en tant que tels, ce serait plutôt des aptitudes. Lorsque l’on arrive à combiner et analyser les informations venant de plusieurs sens. Déceler les « signaux faibles » et les interpréter correctement.
J’ai par exemple auprès de moi une Poulpinette qui a véritablement « un don » pour se connecter aux ressentis des personnes, qu’ils soient émotionnels ou même physiques. La répétabilité du phénomène (plusieurs fois par jours) ne peut pas laisser croire au hasard. Il y a une connexion d’ordre sensoriel qui lui permet de déceler exactement chez ses patients, à quel endroit de leur vie ça coince.
Oui et alors ? Qu’est-ce ça change de penser comme un arbre hypersensible ?
Pour ma part, je me reconnais totalement dans le mode de pensée en arborescence et l’hypersensibilité. Rien n’est simple et je dois mettre en place des stratégies pour me permettre de prendre des décisions. Mes réflexions aboutissent à beaucoup trop de choix envisageables :
- Thé ou café, je ne sais pas quoi choisir c’est l’horreur !!!!!
- Je fais quoi pendant mes vacances, je veux faire tellement de choses que je n’ai pas le temps de faire d’habitude !!!! AAAAAAAHHHHHHHH !!!!!.
- Quoi!! c’est déjà la fin des vacances!! Et j’ai pas pu tout faire! En plus ce que j’ai fait, je l’ai bâclé pour avoir le temps d’en faire d’autres. Maintenant je fais la gueule et du coup ma femme aussi !!!!!
- Vacances de merde !!!!! AAAAAAAHHHHHHHH !!!!!.
Et là je ne parle pas des choix qui mettent en jeux des émotions fortes…
Car les émotions, positives ou négatives, agissent tel un amplificateur. Elles emballent les pensées, génèrent du stress. Le raisonnement n’amène toujours pas une réponse claire et unique. Le temps s’écoule, le stress augmente. Je finis par être prisonnier d’un cycle de pensée sans fin, jusqu’à l’épuisement. Il peut même se produire, dans les cas extrêmes, une sorte de « blackout » du système (attention, je n’ai pas dit burnout !!). Ça débouche sur envie soudaine de tout envoyer bouler et de partir élever des chèvres dans le Larzac. Je n’ai pas l’impression que ce genre de chose soient propres aux Poulpes. Mais je pense que les Poulpes sont ceux qui se noient dans un verre d’eau :-).
La bonne nouvelle, c’est qu’une fois que l’on a compris le fonctionnement du Poulpe. Une fois que l’on a accepté le fait que notre fonctionnement était « plutôt Poulpe ». Il devient alors possible de l’intégrer dans sa vie. C’est-à-dire en gros de faire avec et d’en tirer le meilleur partie qui soit. Et c’est plutôt bien, on pourrait avoir à composer avec un fonctionnement type « plutôt bulot »…
Je le sens, je le sais, dans ma tête ça va vite, même trop vite et ça s’emballe. Je suis attentif à des choses que le plus grand nombre néglige ou ne perçoit pas. J’ai une approche holistique des choses. Du coup, ça me met en décalage par rapport aux autres qui voient plutôt « spécifique ». Ça m’isole, j’ai l’air perché. Des fois les gens se moquent et ne me prennent pas au sérieux. Mais cela me permet surtout d’être avant-gardiste, créatif. Mes réflexions sont également très productives, les connexions avec mes expériences passées sont faciles et nombreuses.
Il me suffit de m’organiser, d’apprivoiser ce côté Poulpe, pour mettre à profit cette particularité dans mon quotidien. YES, c’est bon ça !!!
Il faut tout de même dire que ce fonctionnement est fatiguant. Les nuits sont courtes car le cerveau guette le moindre moment d’éveil, le moindre rayon de soleil, pour se remettre à faire pousser des branches dans mon esprit. C’est tous les jours le printemps nocturne dans ma tête avec quantité de nouveaux rameaux !
A noter que chez Poulpinette, c’est tout l’inverse. Le sommeil prend l’aspect d’un disjoncteur général qui lui permet de « débrancher » très efficacement. En cas de gros stress, moi je ne dors plus, alors que Poulpinette débranche de longue (pour ceux qui habitent loin de Marseille, ça veut dire « tout le temps »). Poulpinette me fais également remarquer qu’après 1 semaine de nuit blanche à cause des mini Poulpes qui ne dorment pas, le sommeil est beaucoup plus simple à trouver et les branches cessent de pousser la nuit !
Je suis également arrivé à la conclusion que, pour moi qui suis « plutôt Poulpe », la pensée arborescente et l’hypersensibilité s’applique également à mon être. La remise en question guette, le moindre faux pas, la moindre émotion « un peu intense ». Cela rend la « confiance en soi » et « l’estime de soi » extrêmement volatiles. D’autant que le Poulpe est exigent et place toujours la barre très haute.
Qu’est-ce que la confiance en soi vient faire là-dedans ?
Dans mon cas, la confiance acquise est systématiquement remise en question, mise à l’épreuve, pour être certain que ce n’est pas un mirage, qu’elle bien réelle, qu’elle n’est pas une supercherie, « une imposture ». Du coup les échecs, ou du moins les situations considérées comme telles, sont fréquentes et par conséquence, le niveau de confiance dégringole fréquemment. Puis remonte. Puis retombe. Puis remonte. Etc. Etc. Etc.
Et puis, comme il y a de « l’entropie » dans ce monde, la confiance au fil du temps à tendance à ne jamais remonter aussi haut que ce qu’elle était avant. Au fil des années, elle se dégrade.
C’est un peu comme le changement climatique qui tend à l’accélération du réchauffement. Ça monte doucement, on commence à percevoir des signes. Mais ça baisse toujours en hiver et au printemps les oiseaux chantent. On a l’impression que chaque année ça repart au début. Mais en fait, pas exactement. En moyenne c’est un peu plus chaud et comme il y a toujours plus de CO2 et autres gaz et bien il y a de fortes chances que ça monte encore.
Pour ma confiance, même s’il y a des années meilleures que d’autres, c’est le même principe et en moyenne je n’en ai pas l’impression, mais ça baisse. On essaie de redresser la barre en s’imposant des défis, toujours plus grands, qui sont censés amener plus de confiance, mais qui nécessitent toujours plus d’énergie. La spirale est enclenchée, l’épuisement ne tarde pas à se faire sentir. Toujours plus de défie et toujours moins d’énergie. Le fameux « burnout » pointe le bout de son nez. En tout cas, pour moi, ça s’est passé comme ça ! Ce phénomène n’est pas propre au Poulpe, mais les probabilités de rentrer dans la spirale semblent plus élevées chez les « plutôt Poulpe ».
Et les proches dans tout ça ?
La remise en question peut devenir un handicap, avec toutes les conséquences que cela engendre. C’est épuisant pour soi. Ça l’est également pour l’entourage. Qu’il soit proche, professionnel, amical. Lorsque la confiance n’est plus là, le doute et la peur s’installent.
Un décalage se fait ressentir entraînant les incompréhensions, les tensions. Imaginez la situation de 2 « plutôt Poulpes » qui s’ignorent, vivant ensemble, décalés et qui finissent par s’attribuer réciproquement (en miroir), l’origine de leurs malheurs respectifs…Surtout que bizarrement, il paraîtrait que les « plutôt Poulpe » ont tendance, sans s’en apercevoir à se retrouver et donner naissance à d’autres « plutôt Poulpiniottes et Poulpiniots ».
Toute ressemblance avec des faits existants ou ayant existé ne serait que pure coïncidence 😉 !!!
Encore une fois, ce phénomène n’est pas propre au Poulpe, mais chez les « plutôt Poulpe », ça semble être hautement probable et très intense.
Là aussi il y a, à mon sens, lieu de comprendre, accepter et intégrer. En adoptant des stratégies, on peut faire de cette particularité un atout.
Et est-ce qu’il y a du positif ?
Je suis persuadé que le problème contient la solution. On peut tirer parti de cette faculté de remise en question, l’apprivoiser et choisir de faire différemment. Plutôt que de rester tanké (là aussi, pour ceux qui habitent loin de Marseille, ça veut dire « ancré » ou « volontairement bloqué ») sur des fonctionnements qui finissent par devenir destructeurs.
Et la solution, c’est quoi ?
Il n’y a bien-évidemment pas de recette miracle pour y arriver. Chacun doit trouver la sienne, en fonction de son être et de son histoire. Certaines personnes le font naturellement. Peut-être que leur histoire leur a permis d’y parvenir sans réellement s’en rendre compte ?
Dans chacun de nous il y a de l’inné, que l’on ne peut pas choisir. La couleur des yeux, sa taille, son ordinateur qui sert de cerveau (ou l’inverse), son fonctionnement de Poulpe.
Et puis il y a l’acquis, le programme dans l’ordinateur que l’on passe sa vie à écrire en fonction de ce que nous vivons et qui définit nos réactions. Michelle-J. Noel nous explique dans son livre « Être l’auteur de sa vie » Que si l’on a pu écrire, on doit également pouvoir réécrire.
Pour ma part, je me suis attaché à comprendre comment ça fonctionne et j’ai cherché des personnes susceptibles de m’enseigner. Et j’ai fini par trouver la bonne personne qui m’a permis de réécrire mes programmes.
Je peux choisir la pilule bleue, celle qui me permet de continuer comme avant. C’est en apparence plus confortable car il me suffit, comme avant, de continuer à donner quelques pichenettes de temps en temps pour que ma roue continue de tourner, emportée par son élan. Je devrais également prendre le risque d’avoir des regrets, de passer à côté d’un plus beau destin.
Autrement, je peux choisir la pilule rouge, suivre le lapin blanc et descendre dans le terrier (référence à la scène entre Morphéus et Néo dans « The Matrix », au cours de laquelle Néo doit choisir entre « savoir » ou « ignorer » ).
Je ne sais pas ce que je vais trouver exactement, mais je sais qu’au bout il y a la solution. Je devrais prendre le risque de changer et quelque part faire le deuil de ma vie passée. Je risque aussi de vivre une incroyable transformation vers une vie en accord avec mon être de Poulpe.
Je te laisse deviner quelle pilule j’ai choisie !


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